Nomenclature

Abies balsamea (L.) Mill. (1768)

Pinaceae

Publication : Gard. Dict. ed. 8 3 1768.
Synonymie : Pinus balsamea L. (1753) ; Pinus abies Du Roy. var. balsamea (L.) Münchh. (1770) ; Pinus taxifolia Salisb. (1796) ; Abies balsamifera Michx. (1803) ; Peuce balsamea (L.) Rich. (1810) ; Abies hudsonia Bosc ex Jacques. (1829) ; Picea balsamea (L.) Loudon. (1838) ; Picea balsamea var. longifolia Loudon (1838) ;Picea fraseri (Pursh) Loudon var. hudsonia (Bosc ex Jacques) Knight & Perry (1850) ; Abies balsamea var. brachylepis Willk. (1875).

Noms vernaculaires : sapin baumier du Canada

 

Bibliographie
Aljos Farjon
, World checklist and bibliography of Conifers, 2001.
Urban Jacques , Les cahiers du naturaliste N°1, 2005. (en vente sur florama.fr)
 
Iconographie
www.conifers.org : 3
Jacques Urban : 1 et 2
 
Description détaillée
 
Arbre de taille moyenne (15-25 m) à port conique et à branches relativement fines. Ecorce grise avec de nombreux exsudats de résine mais rarement écailleuse. Les jeunes rameaux sont gris-jaunâtre et localement pubescents. Ils portent de petits bougeons ovales, brillants et résineux. Les aiguilles mesurent 15-25 mm de long et ont un apex arrondi voire parfois légèrement fourchu. Elles portent un sillon en forme de V très distinct. Enfin, elles dégagent une forte odeur de baume lorsqu'on les froisse (d'où son nom). Sur les rameaux fructifères, elles sont plus courtes, plus pointues et courbées vers le haut. Les cônes ovales sont petits (5-9 cm), violet-foncé peu de temps avant la maturité puis brun-gris à maturité et habituellement très résineux.

 

Origine géographique : une grande partie du Canada (de l'Alberta au Québec) jusqu'à la Virginie (USA) au sud. C'est l'espèce la plus répandue en Amérique du nord. Il pousse principalement dans les montagnes et les endroits humides voire même marécageux. Il est très élégant quand il est jeune mais son intérêt ornemental disparaît avec l'âge. Enfin, sa durée de vie est relativement courte mais sa croissance rapide en fait une espèce intéressante.
Jacques Urban, 2005.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 3

Taxons inférieurs

Abies balsamea var. phanerolepis Fernald (1909)

 

Synonymie : Abies balsamea fo. phanerolepis (Fernald) Rehder (1940). Abies intermedia Fulling (1936) ; Abies x phanerolepis (Fernald) T. S. Liu. (1971) ; Abies balsamea subsp. phanerolepis (Fernald) Murray (1982).

 

Variété identique au type si ce n'est que les cônes sont plus petits et que les bractées dépassent parfois les écailles (ce n'est même pas toujours le cas) et elles sont réfléchies. Comment ne pas voir dans cette population rien de plus qu'une recombinaison des caractères communs aux trois taxons définies dans la clé de détermination et notamment une grande similitude avec les cônes de fraseri ? Personnellement je considère ce taxon comme invalide au rang de la variété à cause de la faiblesse même de ses caractères distinctifs. Peut-être un hybride (métis) naturel de fraseri

 

Abies balsamea subsp. fraseri (Pursh) E. Murray (1982)

 

Statut du taxon : accepté à travers cette publication

Synonymie : Pinus fraseri Pursh (1814) ; Abies fraseri (Pursh) Poir. (1817) ; Pinus balsamea var. fraseri (Pursh) Nutt. (1818)Abies humilis Bach. (1826) ; Picea fraseri (Pursh) Loudon (1838) ; Abies balsamea var. fraseri (Pursh) Spach (1841) ; Abies americana Prov. (1862).

 

Sapin des Appalaches. Beaucoup plus petit que balsamea avec seulement 9-12 m de haut (très rarement au-delà et dans ce cas ne sommes-nous pas en présence d'individus porteurs d'allèles récessifs et présents dans la population originelle ou tout simplement d'individus bénéficiant d'un sol plus favorable ?) Port identique mais parfois un peu plus colonnaire et écorce et rameaux semblables. Par contre, chez fraseri la pubescence est plus longue et plutôt frisée. Les bourgeons sont également identiques (sans doute plus arrondis) et les aiguilles sont sensiblement plus courtes quand on les considère d'une manière statistique sur l'ensemble de la population (12-20 mm) encore que je ne crois pas qu'au¬cune étude précise n'ait démontré que cette observation a une réelle valeur statistique au sens mathématique du terme ou s'il s'agit simplement d'observations relevées sur quelques individus. Ce n'est certainement pas la quantité de lignes de stomates présentes sur chaque aiguilles (8-12 pour fraseri et 4-8 pour balsamea) qui doit orienter la taxilogie vers le statut d'espèce séparée. Par contre, les cônes sont légèrement plus petits puisqu'il ne dépassent pas 3 à 6 cm de long pour 2,5 à 3 cm de diamètre ; les bractées sont le plus fréquemment visibles et réfléchies.

C'est à mon avis le seul caractère sérieux qui permettent la distinction des deux populations (et encore seulement si les cônes sont vraiment petits car balsamea a des cônes de 5 cm) mais en aucun cas il ne peut être utilisé pour justifier la séparation en deux espèces car le développement du cône est postérieur à la fécondation et donc ne la perturbe pas. Les allèles codant pour les caractéristiques de petits cônes mûrs sont naturellement concentrés dans cette population et rien de plus ! Comme balsamea, ce taxon est ornemental lorsqu'il est jeune et il a une durée de vie courte.

Origine géographique : les Appalaches dans le centre-est des USA. La plupart des synonymies concernant ce taxon en fait une sous-espèce ou une variété de balsamea, dont Murray en 1982.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 5

 

Abies balsamea subsp. lasiocarpa (Hook.) Boivin (1959)

 

Statut du taxon : accepté à travers cette publication

Synonymie : Pinus lasiocarpa Hook. (1838) ; Abies grandis Engelm. (1862) ; Abies bifolia A. Murray (1863) ;Picea lasiocarpa (Hook.) A. Murray (1875) ; Abies subalpina Engelm. (1876) ; Abies concolor var. lasiocarpa (Hook.) Beissn. (1887) ; Abies lasiocarpa var. fallax Franco (1950).

 

Les cônes de ce taxon sont proportionnellement plus cylindriques que chez les précédents mais tous restent de petite taille puisque de 6-10 cm de long chez le type il mesurent 5-8 cm pour à peine 2-3 cm de diamètre chez la variété arizonica. Seul le port est nettement plus colonnaire que chez les deux autres. La plupart des individus atteint aisément 30 à 40 m de haut chez la variété type, lasiocarpa, alors que chez arizonica on ne rencontre guère de sujets de plus de 15-20 m. Ecorce similaire à balsamea mais plus ou moins sillonnée ainsi que les rameaux avec une pubescence comparable (y compris le fait qu'ils soient aussi glabres). Bourgeons similaires. Aiguilles plus longues (25 à 40 mm) et apex variablement arrondi ou pointu, voire même émarginé ce qui tend à confirmer que ce caractère n'est pas distinctif de l'espèce. Les bandes stomatales sont à la fois situées sur la face inférieure comme chez les autres taxons, une de chaque côté de la nervure mais également sur la face supérieure, exactement sur la nervure centrale. Toutes contiennent 5-6 lignes. Bien sûr les aiguilles froissées sont très aromatiques.

Origine géographique : montagnes de l'ouest américain, de l'Alaska à l'Oregon, l'Utah et le Nouveau Mexique. C'est un excellent arbre de parcs avec un feuillage très parfumé mais qui ne conviendra que pour les climats humides et froids avec même une excellente capacité à résister à l'accumulation de neige sur la ramure. Ne conviendra pas en climat méditerranéen beaucoup trop sec. En général, croissance plus lente que chez balsamea et plus difficile en culture avec un taux de germination plus faible.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 2

 

Abies balsamea subsp. lasiocarpa var. arizonica (Merriam) Boivin (1898)

 

Synonymie : Abies arizonica Merriam (1896) ; Pinus beissneri Voss (1907) ; Abies lasiocarpa subsp. arizonica (Merriam) A. Murray (1982).

 

Outre sa taille plus faible, il se distingue du taxon précédent par une écorce liégeuse épaisse blanc-crème. Ses aiguilles sont plus pectinées (caractéristique des taxons croissant dans des régions où l'air est plus sec) et sont nettement plus bleutées dessus ce qui contraste avec la blancheur de la face inférieure. Ses cônes portent des bractées qui contrairement à tous les autres taxons du groupe, dépassent des écailles au moins partiellement. Son feuillage est particulièrement ornemental mais hélas c'est une variété peu cultivée.

Origine géographique : montagnes d'Arizona et du Colorado entre 1200 et 2600 m d'altitude.

 

Abies balsamea subsp. lasiocarpa var. bifolia (A. Murray) J. Urb (2005)

 

Synonymie : Abies arizonica Merriam (1896) ; Pinus beissneri Voss (1907) ; Abies lasiocarpa subsp. arizonica (Merriam) A. Murray (1982).

 

Taxon très controversé puisqu'il est presque toujours considéré comme un synonyme de lasiocarpa type. De plus, les populations méridionales seraient à l'origine de la variété arizonica, des caractéristiques moléculaires amenant à cette conclusion. La Flore d'Amérique du Nord le référence comme une espèce à part entière sur des critères principalement moléculaires en ce qu'il se différencie de lasiocarpa par l'absence de certaines substances dans le bois. Les différences morphologiques directement observables sont des aiguilles plus courtes et peu fourchues à l'apex et surtout les écailles basales des bourgeons sont en forme de triangle isocèle ou spatulées alors que chez lasiocarpa elles sont en forme de triangle équilatéral. Compte tenu des discours précédent sur la classification et au regard des différence entre les trois taxons il ne me paraît pas très sérieux de l'élever au rang d'espèce et on peut comprendre que les botanistes des générations précédentes n'aient guère trouvé suffisamment de différence pour cela puisque nous nous situons dans le domaine des molécules. Sur ce principe, il me semble évident que si on devait soumettre toutes les populations de chaque espèce du règne végétal à la recherche de composés chimiques, il est certains qu'on risque fort de multiplier le nombre d'espèces en proportion. Afin de mentionner ce taxon dans la systématique et d'éviter une simple citation dans la synonymie, je lui ai donc au plus, attribué le rang de variété. Du reste, la Flore d'Amérique du Nord étaye son choix en ce que lasiocarpa et bifolia ont au moins autant de différence entre eux que peuvent en avoir des couples de taxons aussi proches que procera-magnifica ou balsamea-fraseri. Cette remarque corrobore alors davantage la position soutenue dans cette étude à savoir que le statut d'espèce de tous ces taxons n'est pas la meilleure conclusion.

Origine géographique : depuis l'Alaska jusqu'au Colorado et Nouveau-Mexique au sud et au Wyoming-Montana à l'Est, entre 600 et 3600 m d'altitude.
Jacques Urban, 2005.