Nomenclature

Abies delavayi  Franchet (1899)

Pinaceae

Statut du taxon : accepté

Publication : Journ. de Bot. 13 (8): 255 (1899).
Synonymie : aucune

Noms vernaculaires : sapin de Delavay

 

Bibliographie
Aljos Farjon
, World checklist and bibliography of Conifers, 2001.
Urban Jacques , Les cahiers du naturaliste N°1, 2005. (en vente sur florama.fr)
 
Iconographie
Jacques Urban : 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7. - Photos 1, 2, 3 et 6 : Abies delavayi ; photos 4, 5 et 7 : A. delavayi subsp. squamata.
 
Description détaillée
 
Encore un taxon complexe composé de diverses populations qui ont très souvent changé de nom, tantôt versées dans ce groupe, tantôt reclassées dans les taxons voisins, preuve s'il en est que toutes sont vraiment très difficiles à distinguer les unes des autres autrement que par des détails anatomiques très secondaires. Ce taxon porte le nom du Père Jean-Marie Delavay qui le découvre en 1887 vers 3500 m d'altitude dans le Yunnan. C'est un arbre de 25 m de haut avec un port pyramidal mais parfois avec une couronne relativement large dans le genre de celle des cèdres. Ecorce gris-brun, rugueuse et se fendant longitudinalement. Les rameaux sont brun-rouge ou seulement brunâtres et deviennent plus foncé en vieillissant. Ils sont glabres ou à peine pubescents dans les sillons et les bourgeons sont globuleux, rougeâtres et résineux. Les aiguilles sont arrangées en spirale denses chez les jeunes rameaux et nettement pectinées sur deux rangs plus tard, dirigées vers l'avant puis réunies en groupes denses à l'extrémité avec une orientation vers le haut. Dans tous les cas elles sont plus ou moins courbées, compactes et mesurent 15-20 (30) mm de long. Les bords sont typiquement recourbées et la nervure médiane fait nettement saillie sur la face inférieure. Cette dernière compte deux bandes stomatales argentées. Enfin, l'apex est émarginé. Les cônes sont violet très foncé et virent au noirâtre à maturité. Ils sont subsessiles, cylindriques courts tirant sur ovoïdes et mesurent environ 6-11 cm de long pour 3-4 cm de diamètre. Ecailles trapéziformes à bractées réfléchies les dépassant à peine. Graines mures en octobre.

 

Origine géographique : Il est principalement originaire du nord-ouest du Yunnan (et sud Sichuan) et du sud-est du Xizang (Tibet) à une altitude comprise entre 2400 et 4300 m compte tenu de la faible latitude pour le genre. On le trouve aussi en dans l'extrême nord-est de l'Inde, région entre le Tibet et le Yunnan, au nord de la Birmanie puis on rencontre une autre population dans l'extrême nord du Vietnam . Ce sont toutes des régions très humides où les précipitations varient entre 1000 et 3000 mm et où l'hiver l'enneigement dure d'octobre à avril.

Comme nous l'avons dit dans la clé de classification (voir pdf du genre), la majorité des taxons de ce groupe sont extrêmement proches les uns des autres et les remaniements successifs sont là pour en témoigner. Personnellement et bien que je considère déjà le genre Abies comme une seule espèce (voir conclusion sur la classification du genre) j'opterais aisément pour un regroupement taxinomique de delavayi et forrestii. Cependant j'ai maintenu ici la ségrégation sur l'unique critère des cônes sessiles ou non dans un but de clarté afin de ne pas obtenir un empilement de la nomenclature au niveau des variétés, réservant cette démarche lors de la mise en œuvre d'une étude plus complète du genre.
Jacques Urban, 2005.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 7-8

Taxons inférieurs

Abies delavayi var. motuensis (W.C. Cheng & L.K. Fu) Farjon & Silba (1990)

 

Synonymie : Abies motuensis W.C. Cheng & L.K. Fu (1975).

 

Peu de détail sur ce taxon mais les différences annoncées ne me semblent même pas dignes de l'isoler nomenclaturallement et notamment si on tient compte des caractéristiques plus variées de la suivante : rameaux plus pâles et davantage pubescents, aiguilles plus longues (20-30 mm). Localisé dans le sud-est du Xizang (Tibet) dans la région de Motuo Xian entre 3000 et 3800 m.

 

Abies delavayi var. nukiangensis (W.C. Cheng & L.K. Fu) Farjon & Silba (1990)

 

Synonymie : Abies nukiangensis W.C. Cheng & L.K. Fu (1975).

 

Ici aussi, vraiment peu de différence avec le type avec notamment des aiguilles en moyenne plus longues de quelques millimètres à peine (18-32 mm atteignant parfois 40 mm) et des cônes dont les bractées sont plus courtes que les écailles (et donc ne sont pas visibles) sauf dans la partie inférieure des cônes mûrs, là où les écailles sont en fait les plus courtes. Quoiqu'il en soit, comme la précédente, son statut nomenclatural acceptable ne peut pas être au-delà du titre de variété car elle n'est même pas isolée géographiquement du type mais seulement altitudinalement : bassins entre 2500 et 3100 m du Sichuan, du nord-ouest du Yunnan, du nord-est de l'Inde du nord Myanmar et du nord Vietnam, donc une population des zones relativement plus chaudes.

 

Abies delavayi subsp. fabri (Mast) J. Urb (2005)

 

Statut du taxon : accepté à travers la publication citée en référence.

Synonymie : Keteleeria fabri Mast. (1902) ; Pinus fabri (Mast.) Vos. Putl. & Meyer (1913) ; Abies fabri (Mast.) Craib (1919) ; Abies delavayi var. fabri (Mast.) D. R. Hunt. (1967).

 

Apparemment isolé géographiquement puisque originaire des bassins du Sichuan entre 1500 et 4000 m d'altitude, ce taxon a déjà été considéré comme une variété de delavayi : A. delavayi Franchet var. fabri (Mast.) D. R. Hunt. Compte tenu de cet isolement je l'élève ici au rang de sous-espèce mais si ce dernier n'était pas confirmé, il resterait au rang de variété et la nomenclature précédente reprendrait sa validité. Il peut atteindre près de 40 m pour un diamètre à la base de 1 m. Ecorce gris-brun à gris-foncé s'écaillant. Rameaux gris-jaunâtre à brun-pâle virant au gris-brun à partir de la deuxième année. Ils sont variablement glabres ou légèrement pubescents. Bourgeons ovoïdes, globuleux et résineux. Les aiguilles sont principalement disposées sur 2 rangs (pectinées) mais orientées vers la partie supérieure des rameaux et non pas aplaties comme chez alba par exemple. Elles mesurent 15 à 30 mm de long pour 2 (2,5) mm de large et sont d'un beau vert brillant sur la face supérieure. La face inférieure porte 2 bandes stomatales et les bords sont légèrement recourbés. Enfin l'apex est émarginé ou arrondi. Les cônes sont légèrement pétiolés, ovoïdes sensiblement cylindriques de 6-11 cm de long pour 3-4,5 cm de diamètre. Bractées dont l'apex est largement arrondi et à peine cuspide ; elles sont légèrement apparentes et réfléchies. Les cônes sont mûrs en octobre et les graines mesurent environ 15 mm de long en comptant l'aile brun-foncé presque noire.

Origine géographique : régions montagneuses de l'ouest du Sichuan (Chine) entre 1500 et 4000 m d'altitude où il est très utilisé pour son bois, son écorce et ses aiguilles dont on extrait notamment des résines.

La description ci-dessus est quand même bien très proche de celle de delavayi et ce n'est certainement pas sur le seul argument que ses aiguilles sont moins recourbées que l'on peut réellement en faire une espèce à part entière, même si occasionnellement certains individus peuvent présenter des cônes dont les bractées ne sont pas toujours non plus nettement recourbées à cause de leur petite taille. Pour conclure, un petit commentaire quant à la variété minensis pour laquelle je ne possède que très peu d'information : Rushforth en fait une sous-espèce de fabri or cette population est localisée exactement dans la même région que le type, à savoir l'ouest du Sichuan. En conséquence il ne peut s'agir taxinomiquement que d'une variété puisqu'il n'y a pas d'isolement géographique net et d'autre part, les commentaires montrant la faiblesse des différences entre fabri et delavayi me laisse perplexe quant à ce qui distingue minensis de fabri. Sans doute sommes-nous en présence d'une population qui recombine différents caractères secondaires, expression naturelle de la variabilité génétique des espèces. En fait ce taxon ne mérite probablement pas le statut de variété mais tout au plus de forme.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 7

 

Abies delavayi subsp. fanjingshanensis (W. L. Huang.) J. Urb. (2005)

 

Statut du taxon : accepté à travers la publication citée en référence.

Synonymie : Abies fanjingshanensis W. L. Huang. (1975) ; Abies fargesii var. fanjingshanensis (W. L. Huang.) Silba (1990).

 

Arbre d'une vingtaine de mètres à écorce gris-foncé. Rameaux brun-rouge devenant plus foncé la 2e et la 3e année. Les bourgeons sont ovoïdes et peu résineux. Les aiguilles sont pectinées sur deux rangs et recourbées vers le haut, plus denses à l'extrémité des rameaux comme delavayi et forrestii. Leur taille est apparemment particulièrement variable puisqu'elles mesurent entre 10 et 25 mm de long et jusqu'à 43 mm mais les observations ne disent pas si la variabilité est populationnelle ou individuelle. La face inférieure possède deux bandes stomatales et l'apex semble le plus souvent arrondi. Les cônes sont à peine pétiolés et mesurent 5-6 cm de long pour 4 cm de diamètre avec quand même un aspect cylindrique. Ils sont brun-pourpre puis brun-foncé presque noirâtres à maturité. Bractées spatulées à peine visibles et souvent cachées par les écailles qui sont pubescentes dans leur partie apparente, surtout vers le milieu du cône. Les graines sont relativement grandes puisque nues, elles atteignent 8 mm de long.

Origine géographique : taxon originaire du nord-est du Guizhou (Chine) dans la région de Jiangkou (son nom vient du chinois Fanjing Shan). Il pousse entre 2100 et 2350 m d'altitude selon la Flore de Chine qui, du fait de sa faible répartition le considère en danger d'extinction.

Ce constat n'est que par trop évident puisque nous sommes en fait en présence d'une population isolée dérivée de delavayi et dont le nombre d'individus ne permet pas le renouvellement et donc le maintien des caractères. Certains auteurs la considère comme une espèce à part entière mais lorsqu'on examine de près sa description il est très difficile de trouver de sérieux caractères spécifiques.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 6

 

Abies delavayi subsp. fansipanensis (Q.P.Xiang, L.K.Fu & Nan Li) Rushforth (1999)

 

Statut du taxon : douteux à travers la publication citée en référence.

Synonymie : Abies fanjingshanensis Q.P.Xiang, L.K.Fu & Nan Li (1997).

 

Voici ce que j'écrivais dans "Les cahiers du naturaliste N°1" : "Cette population décrite récemment est originaire de l'extrême nord-ouest du Vietnam, région montagneuse à la frontière  avec le Yunnan dont le point culminant est le mont Fan Si Pan (3142 m) d'où dérive le nom du taxon. Aucune description n'est en ma possession au moment où j'écris ce texte mais, comme dans d'autres cas similaires, j'ai l'impression que le statut d'espèce a été très rapidement adopté et qu'il est fort probable qu'il ne s'agisse en réalité d'une population  isolée (?) de delavayi lui-même présent dans cette zone."

Or, en même temps que je travaillais sur le genre Abies, cette population fut classée comme une sous-espèce de delavayi. Mes soupçons en la matière étaient donc fondés malgré le peu d'éléments en ma possession. Maintenant, pour aller jusqu'au bout de la logique nomenclaturale, il faudrait connaître avec précision quelles sont les différences avec le type qui justifient davantage le statut de sous-espèce que celui de variété, voire de forme. Encore une fois, dommage que la nomenclature ne soit pas affaire de taxinomistes et ne soit pas centralisée, elle gagnerait en stabilité !

 

Abies delavayi subsp. squamata (Mast) J. Urb. (2005)

 

Statut du taxon : accepté à travers la publication citée en référence.

Synonymie : Abies squamata Mast. (1906)

 

Sans doute l'espèce qui, à cause de la particularité de ses écorces juvéniles, me fait courir le risque de voir le discrédit s'abattre sur cette étude. Ce taxon est tellement différent des autres quant à ce caractère qu'il s'agit forcément d'une espèce à part entière dans la mentalité typologique de la conception de l'espèce. Pourtant ce caractère végétatif n'influence en rien les échanges génétiques de ce taxon avec les taxons les plus proches et tout le reste (notamment sa morphologie reproductive) plaide plutôt pour une population allopatrique de delavayi. De toute façon si la classification est basée entièrement sur la reproduction comme nous l'avons expliqué dans les généralités, il est incohérent d'utiliser et surtout de discriminer les caractères végétatifs (écorce, aiguilles, taille etc…) afin d'élever ou non un taxon au rang d'espèce. Si on utilise la particularité de l'écorce ici, il faudrait l'utiliser aussi pour les autres, il faudrait également différencier une autre espèce sur le critère de la longueur des aiguilles ou même sur la couleur de chaque organe. Enfin ajoutons aussi que divers taxons proches ont des écorces adultes écailleuses semblables à celle de squamata (delavayi, fabri, forrestii par exemple) et souvent les mêmes couleurs de rameaux brun-rouge. Donc sans plus de précisions quant à d'éventuelles différences significatives sur la morphologie des organes reproducteurs qui permettraient de confirmer ou d'infirmer la clé de classification, je considère ce taxon comme une sous-espèce, bien typée certes mais une sous-espèce quand même.

Abies delavayi subsp. squamata mesure entre 15 et 40 m de haut avec un diamètre qui dépasse souvent le mètre. L'écorce du tronc est donc brunâtre et forme des écailles plus ou moins rectangulaires qui, en se détachant, laisse apparaître pendant quelques jours une sous-écorce rougeâtre. L'écorce des jeunes sujets (à partir de 4-6 ans) et celle des rameaux âgés de moins de 4 ans s'exfolie en écailles parchemineuses à la manière d'une écorce de bouleau (Betula). L'ensemble est de couleur brun foncé à brun-rouge devenant noirâtre ou gris-brun foncé dès la deuxième année. Les rameaux sont glabres ou légèrement pubescents (davantage chez les rameaux de l'année) et portent des bourgeons globuleux, ovoïdes et résineux, tous ces caractères étant ainsi identiques aux taxons précédents. De même, les aiguilles sont disposées et orientées comme chez delavayi et mesurent entre 15 et 30 mm de long pour 2 mm de large avec les bords légèrement incurvés. Elles sont très variables au niveau de l'apex puisque ce dernier peut-être acuminé ou arrondi. Enfin elles sont bleu-vert-foncé sur la partie supérieure et argentées sur la face inférieure grâce à 2 bandes stomatales de 8-9 lignes chacune. Cônes subsessiles ovoïdes à cylindrique, violet foncé à presque noirs à maturité, comme chez delavayi et de 5-8 cm de long pour 3 cm de diamètre environ. Les bractées sont à peine visibles, recourbées ou droites dans la partie visible et dans tous les cas rapidement désintégrées. Les graines mesurent 10 mm de long dont la moitié pour l'aile.

Origine géographique : Sud du Gansu, sud du Qinghai, ouest et nord du Sichuan et sud-est du Xizang (Tibet), mais dans la partie nord de cette zone, laissant la partie sud à delavayi. On le trouve entre 3000 et 4000 m d'altitude.

En culture c'est un taxon peu répandu. Le taux naturel de germination est le plus souvent bas à très bas (moins de 20 à 25%) ce qui tend à corroborer l'hypothèse que nous sommes en présence d'une population vieillie qui possède un fardeau génétique sans doute plus lourd que d'autres au moins en ce qui concerne les gènes en jeu dans la viabilité des graines et conformément aux explications données dans le paragraphe sur la spéciation.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 6