Arbre de 30 m en moyenne et jusqu'à 50 m chez certains sujets. Allure générale vraiment très proche de celles d'alba et de firma. Ecorce grisâtre ou gris-brun et rameaux brun-jaune ou gris-jaune, brillants, glabres et légèrement sillonnés. Les bourgeons sont ovoïdes et résineux. Aiguilles pectinées sur deux rangs et recourbées vers le haut. Elles mesurent 25-40 mm, sont coriaces, plates et vert-foncé brillant. Apex acuminé ou pointu notamment chez le jeune sujet puis pouvant devenir arrondi chez l'adulte mais jamais (?) fourchu comme chez chensiensis. Partie inférieure à deux bandes stomatales argentées comprenant chacune 6 à 8 lignes de stomates. Cônes subsessiles cylindriques de (6) 10-14 (15) cm de long et 3,5-4 cm de diamètre, verts devenant brun-jaune et très résineux à maturité. Ecailles en demi-lune, trapéziformes et fortement pubescentes sur la face exposée. Bractées plus courtes (environ la moitié) que les écailles. Graine de 8-10 mm de long et aile de 13-15 mm ; maturité : octobre. Cotylédons : 5-6.

Origine géographique : Mandchourie, extrême est de la Russie, nord-est de la Chine (sud-est Heilongjaing, est et sud Jilin et est Liaoning) Corée. Montagnes entre 500 et 1200 m.

Synonymie : Abies chensiensis Tieghem. (1892).

Sapin du Shaanxi. Population vraiment très proche de holophylla qui ne justifie pas le statut d'espèce sur les seules différences de forme de l'apex des aiguilles surtout que ce caractère est statistiquement très variable comme nous l'avons vu pour d'autres taxons. Taille variable comprise entre 20 et 40 m (15-60 m) avec une écorce grise à brun-jaune notamment au niveau des rameaux, ces derniers étant principalement glabres mais une légère pubescence n'est pas exclus chez certains individus. Bourgeons ovales coniques résineux. Aiguilles principalement pectinées sur deux rangs lesquels sont séparés par une sorte de rainure. Elles sont recourbées vers le haut et la partie la plus large est dans la moitié supérieure. Apex variable : arrondi, pointu ou fourchu ; longueur de (15) 25-35 (45) mm. Partie supérieure vert-foncé brillant dessus et blanchâtre à bleuâtre au niveau des deux bandes stomatales de la partie inférieure. Cônes ovales à oblongs voire cylindriques de 7-10 cm de long et 3-4 cm de diamètre. Subsessiles (parfois nettement pétiolés) ils sont verts dans leur phase de croissance puis marron-brun à maturité à partir de septembre-octobre. Bractées non visibles car plus petites que les écailles (environ ¾) mais il est possible que certains individus aient des bractées visibles dans la partie inférieure du cône, là où les écailles sont le plus étroit. Ces dernières sont un peu plus réniformes que celles d'holophylla mais la partie exposée est également pubescente. Graine d'environ 8 mm et aile de 5 mm.

Origine géographique : Chine centrale : sud Gansu, sud Shaanxi, sud-ouest Henan, ouest Hubei et ouest Sichuan. Krüssmann indique une distribution qui atteint la frontière birmane donc à travers le Yunnan. En fait, il s'agit de la population yulongxueshanensis référencée par Rushforth (voir ci-dessous). Montagnes entre 2300 et 3000 m. Taxon en danger par sur-exploitation de son bois tendre, léger et peu noueux.

Synonymie : Abies ernestii Rehder (1939) ; Abies beissneriana Redher & H. Wilson (1914) ;Abies recurvata var. ernestii (Rehder) C. T. Kuan (1984).

Dans la procédure de classification, Abies ernestii est tout au plus considéré comme une variété de chensiensis, lui-même étant considéré comme une sous-espèce de holophylla. D'autre part, la clé de classification montre que les différences entre les divers groupes de la section des Cryptoaristatus sont extrêmement minces et notamment entre les taxons asiatiques pour lesquels je n'ose y voir qu'une seule et même espèce linnéenne riche en recombinaisons morphologiques mais rien de plus. La population ernestii est composée d'arbres qui atteignent aisément 60 m avec un diamètre d'environ 2 m. L'écorce est gris-foncé et à tendance à s'écailler longitudinalement. Le port est conique, pyramidal. Les rameaux sont jaunâtres ou brun-jaune ou gris-jaune comme chez holophylla mais ils peuvent virer au gris-brun en vieillissant. Ils sont glabres ou légèrement pulvé¬rulents. Les aiguilles diffèrent des précédents par leur taille qui peut atteindre 50 à 70 mm mais aussi ne pas dépasser 10-15 mm. L'apex est fourchu comme chez chensiensis ou parfois aciculaire comme chez holophylla. On le voit donc une fois de plus, une grande variabilité et des recombinaisons avec les caractères des taxons voisins, y compris avec recurvata avec lequel il partage beaucoup de caractères végétatifs mais qui en diffère profondément au niveau des cônes. Certains auteurs l'ont d'ailleurs placé en tant que sous-espèces de recurvata, choix que la procédure de classification ne nous permet pas ici. Les cônes sont donc proches de ceux du groupe holophylla, cylindriques ou ovoïdes-cylindriques et ayant une taille nettement supérieure en moyenne à ceux de recurvata bien que là encore la variabilité soit grande : 4-14 cm de long pour 3-4 cm de diamètre. Dans tous les cas, ils ne sont jamais pourpres ou même brun-pourpré mais plutôt jaunâtres à bruns. Les bractées sont aussi longues que les écailles qui ne sont pas réniformes comme chez recurvata. Graines de 7-9 mm avec une aile brune ou brun-pourpre de 8-18 mm à bords denticulés. Farjon en fait du reste une sous-espèce de recurvata mais les arguments ci-dessus ne le permettent pas bien que toutes ces populations soient très voisines comme nous le savons déjà.

Synonymie : Abies salouenensis Bordères & Gaussen (1945) ; Abies recurvata var. salouenensis (Bordères & Gaussen) C. T. Kuan (1983).

Aucune information descriptive de ce taxon. Par contre taxinomie un peu confuse dans la littérature puisque Farjon approuve le statut de Rushfoth en qualité de sous-espèce de chensiensis (1984) alors que Silba le déclasse au rang de la variété en 1990, choix approuvé ici compte-tenu du déclassement de chensiensis en sous-espèce. De plus les modifications successives en disent long sur les difficultés à établir des distinctions flagrantes de tous ces taxons ce qui est normal puisque il s'agit de la variabilité génétique de la même espèce ! En effet, dans "Flora of China" citée en référence, les auteurs notent cette dénomination comme un synonyme de Abies ernestii var salouenensis (Bordères & Gaussen) W. C. Cheng & L. K. Fu. Pour terminer disons que ce taxon est donné comme originaire du Yunnan sans plus de précision.