Nomenclature

Abies procera  Rehder (1940)

Pinaceae

Statut du taxon : accepté

Publication : Rhodora 42: 522 (1940).
Synonymie : Pinus nobilis Douglas ex D. Don (1832) ; Abies nobilis (Douglas ex D. Don) Lindl. (1833) ; Picea nobilis (Douglas ex D.Don) Loudon (1838) ; Pseudotsuga nobilis (Douglas ex D. Don) W. R. McNab (1876).

Noms vernaculaires : sapin noble

 

Bibliographie
Aljos Farjon
, World checklist and bibliography of Conifers, 2001.
Urban Jacques , Les cahiers du naturaliste N°1, 2005. (en vente sur florama.fr)
 
Iconographie
Jacques Urban : 1 et 2.
 
Description détaillée
 
Un des géants du genre avec 45-60 m de haut mais qui peut bien atteindre 90 m dans son habitat. Port plutôt fastigié étroit avec peu de branches, celles du bas ayant tendance à disparaître avec l'âge. Ecorce grisâtre chez les jeunes sujets, parfois légèrement violacée puis gris-brun et fissurée chez les sujets plus âgés. Rameaux à fine pubescence roussâtre et bourgeons globuleux et résineux mais de petite taille. Aiguilles principalement pectinées mais insérées sur la face inférieure du rameaux et se redressant vers le haut. En fait elles varient selon leur localisation sur le rameau, celles proches de la base sont plus courtes, nettement recourbées et appliquées près du rameau, celles de l'extrémité sont denses et droites et les médianes sont intermédiaires. Elles mesurent 25-35 mm de long sur 1,5 mm de large et sont nettement sillonnées au moins dans leur partie apicale. Apex arrondi ou à peine émarginé. Face supérieure bleu-vert avec lignes stomatales ; face inférieure avec 2 bandes stomatales étroites comprenant 5-6 lignes de stomates. Cônes cylindriques- oblongs de (14) 20-25 cm de long sur 7-8 cm de diamètre, vert lorsqu'ils sont jeunes et brun-pourpré à maturité. Ecailles de 30-35 mm de large laissant dépasser les bractées pointues réfléchies. Fleurs mâles marron-rouge parfois mêlées de jaune.

 

Origine géographique : taxon inféodé à la Chaîne des Cascades depuis l'Etat de Washington au nord jusqu'à l'extrême nord de la Californie au sud en passant par l'Etat d'Oregon.
Jacques Urban, 2005.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 6

Taxons inférieurs

Abies procera subsp. magnifica (Murr.) J. Urb. (2005)

 

Statut du taxon : accepté à travers cette publication

Synonymie : Abies magnifica A. Murray (1863) ; Abies campylocarpa A. Murray (1860) ; Picea magnifica (Murr.) W. R. McNab (1876) ; Abies nobilis var. magnifica (Murr.) Kellogg (1882).

 

Arbre de 60 m environ à port nettement conique étroit. Les branches sont verticillées et leur longueur décroît régulièrement de la base vers le sommet alors que chez procera elles sont irrégulièrement implantées. Jeunes rameaux brunâtres légèrement pubescents. Ecorce grise rugueuse (liégeuse) devenant rougeâtre chez les adultes. Bour¬geons de petite taille, ovale et résineux à l'apex. Aiguilles disposées comme chez procera mais moins denses et en moyenne plus fines (1 mm de large) et plus longues (20-40 mm). Elles sont le plus souvent courbées vers le haut mais aussi dirigées vers le bas et diversement étalées. Contrairement à procera elles ne sont pas sillonnées et sont de section plutôt rectangulaire. Dans leur ensemble, elles sont vert-gris et portent des rangées de stomates sur les deux faces mais bien sûr la face inférieure est la plus densément fournie avec 2 rangées de 5-6 lignes de stomates chacune. Cônes cylindriques-oblongs ressemblant à procera, de 15-22 cm de long sur 7-9 cm de diamètre, pourpre-violacé lorsqu'ils sont jeunes puis vert-jaune puis enfin bruns à maturité. Fleurs mâles rouge-violacé. Ecailles et comme chez procera mais bractées ne dépassant pas les écailles.

Origine géographique : montagnes du sud-ouest de l'Oregon jusqu'en Californie entre 1500 et 3500 m d'altitude avec un léger débordement dans l'extrême ouest du Nevada. En fait magnifica est allopatrique de procera sauf dans leur zone de rencontre, dans le sud de l'Oregon.

En 1882 Kellogg place ce taxon comme simple variété de procera sous le nom de Abies nobilis var. magnifica et Vossin fait de même en 1907.

La quasi totalité des auteurs qui se sont penchés sur la nomenclature de ce taxon l'ont classé comme une sous-espèce de pinsapo d'abord sous le qualificatif de Abies pinsapo var baborensis par Cosson en 1866 puis par Salomon en 1884 sous son nom actuel mais lui n'en faisait qu'une variété de pinsapo et enfin E. Murray en 1982 qui le place en qualité de sous-espèce comme nous l'acceptons ici.

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 6

 

Abies procera subsp. magnifica  var. shastensis Lemmon (1890)

 

Synonymie : Abies shastensis (Lemmon) Lemmon, Gard & Forrest (1897).

 

Population se distinguant de la précédente par une taille moyenne plus petite et surtout par des cônes également plus petit certes mais dont les bractées dépassent des écailles et sont réfléchies comme chez procera. C'est dans ce cas que prend toute la dimension d'une description et surtout d'une classification des populations et non pas de types. En effet si on prend seulement en compte la population magnifica, on aura tendance à la séparer de procera sur la différence des cônes, élément de classification ici puisque lié à la reproduction et ce, bien qu'un tel critère ne soit qu'un argument artificiel pour répertorier les "espèces linnéennes" de l'espèce biologique "Abies". Pourtant on admet que magnifica et shastensis soient deux populations d'une même espèce car tous les autres caractères sont à peu près identiques sauf celui-là. N'est-ce pas plus judicieux de ne voir dans tous ces taxons le résultat d'une variabilité d'une même espèce au lieu de s'obstiner dans un pointillisme qui en devient affligeant ? La variété shastensis s'étend du Lac Crater dans le sud de l'Oregon au Pic Lassen dans le nord-est de la Californie. Ainsi, il semble que les deux populations se partage géographiquement cette chaîne de montagne, magnifica sur le versant Ouest et shastensis sur le versant Est. C'est la seule explication que j'envisage afin de comprendre leur différenciation car si les deux populations poussent côte à côte, avec des échanges de pollen réguliers le caractère de taille des bractées devient une simple répartition des gènes au cours des fécondations. Dans ce dernier cas l'hypothèse d'une seule espèce dans le genre Abies trouverait un argument supplémentaire.

Enfin notons la présence dans la même zone géographique (des monts Shasta aux Monts Whitney dans la Sierra Nevada) d'une autre variété que je qualifierais seulement de forme, la variété xanthocarpa dont les cônes ne dépassent pas 10-12 cm de long et sont jaune d'or durant leur croissance, autre exemple corroborant les arguments avancés plus haut.