Nomenclature

Cupressus dupreziana A. Camus (1926)

Cupressaceae

Statut du taxon : accepté

Publication : Bull. Mus. Natl. Hist. Nat. 32: 101 1926.

Noms vernaculaires : cyprès de Duprez, cyprès du Sahara ; Engl. Sahara cypress.

Synonymes  : Cupressus dupreziana subsp. lereddei (Gaussen) Silba (2009) ; Cupressus lereddei Gaussen (1950) ; Cupressus sempervirens var. dupreziana (A.Camus) Silba (1981) ; Tassilicyparis dupreziana (A.Camus) A.V.Bobrov & Melikyan (2006).

 

Bibliographie

Maire, Flore d'Afrique du Nord - Volume 1, 1952.

Krüssmann Gerd, Manual of cultivated conifers, 1985.

Collectif , Flowering Plants. Dicotyledons. Volume I, 1990, Edited by K. Kubitzki

D. J. Mabberley, The Plant-Book, (1ère edition 1990, 2e edition 1997, 3e edition 2009 et 4e edition en 2017).

Aljos Farjon, World checklist and bibliography of Conifers - 1ère édition (1998).

Auteur inconnu, Flore du Maroc, www.floramaroccana.fr

Christopher J. Earle, The Gymnosperm Database, www.conifers.org.

 

Iconographie : en recherche d'illustration pour ce taxon (in search of illustration for this species)

 

Description détaillée

 

C'est une espèce très proche de Cupressus sempervirens qui a longtemps été considérée comme une variété. Certes, taxinomiquement parlant, on peut envisager toutes les combinaisons nomenclaturales (et c'est ce qui s'est passé, y compris pour la variété atlantica) dès lors où la répartition géographique morcellée du genre a permis d'isoler des populations en concentrant clinalement le patrimoine génétique sur certains caractères jugés discriminants et qui justifient telle ou telle appellation. Dans ce cas on peut l'appliquer à tout le genre comme nous le constatons avec d'autres espèces (voir C. gigantea ou toutes les espèces californiennes) et y inclure aussi le genre Chamaecyparis. D'ailleurs la variété atlantica acceptée ici à ce rang est acceptée comme espèce à part entière dans de nombreux cercles botaniques adeptes du pointillisme des siècles passés car les différences entre dupreziana type et atlantica restent vraiment marginales ; pour s'en convaincre il suffit de regarder les diverses formes naturelles décrites chez C. sempervirens qui prouvent une grande plasticité dans les combinaisons génétiques d'une même espèce à rapprocher de la somme de cultivars (c'est à dire des sujets différents isolés lors de semis dans les pépinières) d'autres espèces comme macrocarpa ou arizonica.

 

Cupressus dupreziana atteint 10-12 m de haut avec un tronc pouvant atteindre selon Maire 4 m de diamètre ce qui semble erroné et correspondre plutôt à la circonférence. Port étalé avec des rameaux très dense. Les rameaux secondaires et terminaux sont plus ou moins aplatis et arrangés sur le même plan contrairement à C. sempervirens. Ecorce des rameaux brun-rouge devenant gris-brun en se desquamant. Écailles decussées, bien imbriquées, longuement soudées sur l'axe, oblongues et légèrement acuminées mais plus courtes, à apex obtus sur les ramules ; les écailles faciales portent un sillon médian à glandes résinifères peu visibles sauf vers la base. Elles sont espacées sur les rameaux secondaires mais sur les rameaux terminaux elles sont étroitement appliquées et imbriquées, plutôt ovales, obtuses, de 1-1,5 mm de long, mates et ayant une seule glande résinifère linéaire pas toujours bien visible. Ensemble du feuillage vert foncé à vert-gris. Cônes femelles sur des rameaux terminaux très courts, solitaires, ovoïdes à ellipsoïdes de 12-24 X 10-17 mm, brun clair mats ou peu brillants, plus petits que chez C. sempervirens. En général 10-12 écailles à écusson plus large que haut avec un mucron central à peine saillant. Graines chamois, ovales à orbiculaires, plus ou moins aplaties et courtement ailées, de 4-6 X 5 mm. Environ 150 graines au gramme. Germination en 2-3 semaines, la plantule ayant 2 cotylédons linéaires semblables à ceux de C. sempervirens.

 

Des chercheurs de l'INRA ont publié en 2000 un article qui conclut à une apoximie mâle chez cette espèce c'est-à-dire que seul le pollen participe à la production de graines sans intervention de matériel génétique femelle. C'est la seule plante connue pour se reproduire en clonant son matériel génétique mâle : le pollen pénètre dans les ovules, mais au lieu de se combiner avec les cellules femelles, il se divise lui-même pour devenir une graine viable, génétiquement identique au parent. Il n'y a donc aucun avantage évolutif évident à cela comme dans tout clonage. On sait depuis longtemps qu'environ 10 pour cent des graines de C. dupreziana (sauvages ou cultivés) ont un embryon viable et était considéré comme intrinsèque à l'espèce. Les chercheurs de l'INRA ont établi que la méiose (sa division cellulaire avant la reproduction) est extrêmement aléatoire et conduit souvent à l'obtension de cellules contenant un ou quatre jeux de chromosomes, voire aucun ; or seules les cellules diploïdes germent.

 

Origine géographique : ce taxon est endémique de l'extrême Sud-est de l'Algérie sur le plateau du Tassili au cœur du Sahara et localisé au plateau dit Ehedi (Maire, Flore d'Afrique du Nord,1952) entre 900 et 1700-1900 m d'altitude environ dans les ravins des montagnes. En fait l'aire représente une bande d'environ 120 km de long sur 6 à 15 km de large dans laquelle on trouverait actuellement 46 stations. Les premiers sujets ont été découverts vers 1864 et beaucoup avaient des troncs de près de 2,50 m (?) de diamètre ce qui laisse à penser qu'ils étaient plus que millénaires puisque le plus vieux sujet connu à ce jour est estimé à 2200 ans et a un diamètre de tronc de 126 cm. Actuellement c'est un taxon en danger car il reste moins de 250 arbres adultes. Certainement que jadis son aire était plus étendue puisque Maire rapporte que des indigènes le signalaient dans le Hoggar. Il existe une population marocaine référencée sous la variété atlantica et parfois considérée abusivement comme une espèce si l'on tient compte du commentaire ci-dessus.

Jacques Urban, 2020. 

 

Statut dans la nature : en danger ; vulnérable ; pas globalement menacée ; fréquente ; abondante
Culture en Europe : aucune ; occasionnelle ; peu commune ; commune ; abondante - Zone de rusticité : 7-8

Taxons inférieurs : 1 variété acceptée à ce rang.

 

Cupressus dupreziana var. atlantica (Gaussen) Silba (1998)

 

Statut du taxon : accepté
Publication : J. Int. Conifer Preserv. Soc. 5: 29 1998.

SynonymieCupressus atlantica Gaussen (1950) ; Cupressus sempervirens var. atlantica (Gaussen) Silba (1981).

 

Cette variété se distingue du type par un port massif élancé nettement conique, parfois légèrement fastigié ; il est plutôt colonnaire chez les jeunes sujets, ses rameaux terminaux sont plus vert-bleu et ses cônes sont composés de 6-8 (10) écailles.

 

Origine : ce taxon est endémique de la Vallée de l'Ouesd N'Fiss dans le Haut Atlas marocain au Sud de Marrakech à une altitude comprise entre 1200 et 2000 m.