Le jardin botanique sur le site de Billère

Le jardin Jeanne Jugan

 

Une journée de biodiversité

 

 

L'Extrême Orient est alors notre point de départ avec le Japon et la Chine qui nous font découvrir une liane japonaise (Caesalpinia decapetala) et une rosier chinois (Rosa lucieae), à floraison spectaculaire en mai-juin. De là nous gagnons l'Asie Centrale en passant par l'Himalaya avec une curieuse espèce à floraison hivernale (Edgeworthia tomentosa) puis c'est le Proche Orient avec sa flore riches en plantes de zones arides dont de nombreuses espèces de sauges, de thyms et autres labiées. Ci-dessous une vue de la zone turque avec photo d'une sauge de la Mer Noire (Salvia forsskaolei) et d'une sauge de Jérusalem (Phlomis fruticosa) qui en fait n'est pas du tout une sauge ce qui montre que les noms vernaculaires ne sont pas fiables en botanique !

 

 

Après la Turquie nous longeons les Balkans pour arriver aux Alpes et aux Pyrénées avec quelques endémiques comme la fameuse Ramonda myconi (à gauche), dont le nom de genre est un hommage à Louis Ramond de Carbonnières (1755-1827), botaniste qui a passé une bonne partie de sa vie à étudier la flore pyrénéenne. On peut y admirer une autre endémique des falaises pyrénéennes, le saxifrage à longues feuilles (Saxifraga longifolia à droite) qui, comme les agaves, meurt après une floraison spectaculaire.

 

 

Après le petit pont de bois où coule un gave de galets, nous atteignons l'Afrique et l'Océanie avec quelques plantes insolites comme une remarquable acanthe éthiopienne à fleurs rouges (Acanthus sennii), le chardon du Cap (Berkheya purpurea) ou d'impressionnantes australiennes (Telopea sp.). Franchissont l'Atlantique et explorons un instant la flore américaine avec ses particularismes dont notamment agaves et cactées. Vous y trouverez le rarissime chêne de Georgie (Quercus georgiana) ou la belle érythrine crête de coq d'Uruguay et d'Argentine (Erythrina crista-galli) et le voyage se termine sur de curieuses aromatiques.

 

 

 De gauche à droite : Acanthus sennii, Erythrina crista-galli et Berkheya purpurea

 

Pendant votre promenade vous croiserez tout autour du jardin, sur les murs ou les grilles, diverses plantes grimpantes dont de nombreuses clématites botaniques rarement présentées au grand public puis sur le coup de midi à ce cadran virtuel vous rencontrerez une tourbière remplie de plantes carnivores. Cet espace pédagogique est bordé par une zone thématique variable dans le temps. Quelques nichoirs à insectes aident à l'hivernage de ces alliés du jardinier. Ci-dessous la tourbière et une plante carnivore, la trompette jaune (Sarracenia flava).

 

 

 

De 2012 à 2023

 

 Sous la direction de Charles Sorce, alors responsable des Espaces verts les plantations d'espèces peu communes ont été étendues à l'ensemble du domaine végétalisé de la ville. Toute la partie botanique, les conseils de culture et la gestion des collections (suivi, nomenclature, enrichissement) étaient assurés par Jacques Urban, fondateur du Jardin Botanique des Pyrénées Occidentales et botaniste de terrain, en partenariat moral avec la ville de Billère jusqu'en 2019. Le jardin référençait alors environ 350 taxons plantés sur 2500 m2.

 

Depuis cette date, le jardin Jeanne Jugan de Billère est géré par le service des espaces verts de la ville seul, sous la direction de Michel Erdocio et il est rapidement devenu maiconnaissable faute d'entretien et de connaissance des plantes. Pourtant en septembre 2022, après un entretien effectué pour l'évènement, furent fêtés en grande pompe devant la presse, les dix ans du jardin avec un discours du maire qui s'honorait d'avoir le seul jardin botanique public du Béarn sur sa ville me rassurant quant à la reprise en main du jardin. S'exprimait alors toute l'hypocrisie d'une communication circonstancielle de façade qui masquait déjà la disparition de plus de la moitié des taxons.

 

Aujourd'hui, en mai 2023, le désintérêt culturel du jardin par les autorités de la ville est indéniable et ce d'autant plus que M. Erdocio, le responsable des Espaces verts, pratique au grand jour la déconstruction du jardin et la décrédibilisation de son concepteur juste pour cacher une médiocrité horticole et botanique ; sur ce plan c'est lui le patron de la commune ! A sa conception, ce jardin était une vitrine de la ville en matière de pédagogie sur le monde végétal, seule initiative patrimoniale qui singularisait la ville de Billère. il est aujourd'hui dans l'état d'une friche industrielle, où les orties sont en concurrence avec les hautes herbes qui cachent les étiquettes de nombreuses plantes mortes, le lierre qui court ça et là, les troênes et autres arbres du voisinage qui étouffent les collections : ce jardin est devenu une honte pour la ville qui ose conserver des panneaux de signalisation indiquant un jardin botanique à visiter. Plus la peine d'y aller, vous serez horrifié et je n'y suis pour rien ! En fait le scénario classique du désintérêt pour le patrimoine vivant reprend vite le dessus après l'euphorie de l'originalité du départ : les choix budgétaires et le désintérêt culturel condamnent toujours ce type de patrimoine alors qu'on ne le tolèrerait pas pour du patrimoine communal bâti. Quelques photos où les collections d'herbacées ont disparue, seuls arbustes et arbres subsistent encore. Ce jardin culturel aura vécu seulement dix ans !

 

 

 

 1 et 2. les 2 versants de la rocaille pyrénéenne ; 3. exemple de massif envahi par les herbes ;

4. la collection de cactus sans cactus à comparer avec la photo originelle sur le site de la commune.

 

Adresse : Avenue de Lons à Billère (à côté du stade de l'ASPTT)