Patrimoine et compétences

 

 

Pour le commun de nos concitoyens et à plus forte raison si vous êtes un élu, lorsqu'il est question d'environ­nement, l'accent est mis à 95% sur la gestion de l'énergie et la gestion des déchets. Les 5% restants font état du respect des milieux naturels lors des interférences avec les activités humaines notamment pour favoriser le dévelop­pement économique. Les acteurs affichés de ce sous-produit qu'est la biodiversité obéissent implicitement à une hiérarchie des compétences purement administrative pilotées par le Ministère de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie et par celui de l'Agriculture pour l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Il n'existe aucune vision globale notamment en relation avec les autres acteurs. Les politiques de terrain ont laissé le champ libre à des dogmes administratifs dont le résultat aboutit presque toujours à une législation encore plus contraignante qui se traduit par une pléthore d'interdits plutôt que par la mise en place de pratiques alternatives de bon sens (voir La législation).

 

Le constat est que la majorité des règlementations mises en place souvent grâce au concours de lobbies plus ou moins influents, est inapplicable et donc inefficace parce que dès qu'il y a interdit total, il y a création de marchés parallèles, inégalité de traitement des citoyens en Europe et érosion des savoir-faire. En fait c'est la collectivité qui protège qui est pénalisée (voir La législation) et ne contrôle rien. Par exemple, la protection de l'orang-outan à Bornéo depuis des décennies ne permet pas de sauver l'espèce de l'extinction puisqu'on autorise la destruction de son habitat pour raisons économiques : la culture de l'huile de palme qui est toujours autorisée par l'Europe !

 

Protéger c'est empêcher la destruction dans le milieu naturel, conserver c'est anticiper la disparition par une multiplication artificielle des espèces menacée pour rendre leur protection efficace et ... communiquer.

 

le jour où le statut patrimonial et universel du vivant sera
reconnu nous serons efficaces dans la sauvegarde des espèces

 

Quand on parle du vivant c'est hélas rarement une collectivité qui initialise des projets, laissant le soin à des individus de se débattre dans la complexité et le dédale administratif se terminant souvent par un échec. En dehors de son statut fiscal particulier, que serait Monaco sans son Jardin Exotique et son Musée océanographique ou sur une autre échelle Biarritz et La Rochelle sans leurs aquariums municipaux ? Le vivant est une manne économique inexploitée. Collectivités, soyez de celles qui s'y intéressent, forcez l'innovation dans ce domaine et fabriquez du lien culturel.

 

 

Conservatoires communaux du patrimoine vivant

 

Peu importe l'échelle géographique ; que ce soit une commune, une communauté de communes, un département, une région, toutes les collectivités térritoriales sont aussi compétentes pour créer des espaces consacrés au vivant qu'elles le sont pour construire un zénith ou un stade, projets récurrents des collectivités, comme si la culture et le divertissement n'étaient circonscrits qu'à ces deux thèmes : l'art et le sport.

 

Je propose que les collectivités sensibilisées par le potentiel économique, pédagogique et social de ce thème, réfléchissent à la possibilité d'ouvrir leur territoire à la création d'un ou plusieurs espaces susceptibles d'accueillir et de maintenir du patrimoine vivant. Ce dernier peut très bien être réparti sur plusieurs communes sous la forme d'antennes locales dont le but est d'amener le visiteur au cœur même des territoires et participer ainsi au développement de toutes les communes.

 

Nos territoires ont des atouts

 

Nos territoires ruraux possèdent des atouts inexploités notamment par la mise en valeur d'un important foncier agricole abandonné. L'avenir de nos ressources économiques se trouve dans l'innovation autour du tourisme vert afin d'attirer un public sensibilisé par le vivant mais dont personne n'a pensé jusqu'ici canaliser et la curiosité de savoir et la participation financière aux projets. Il faut créer ces espaces porteurs de thèmes forts et d'objectifs clairs en termes de sauvegarde afin que le public se les approprie et les rende efficaces. Quelle fierté pour une collectivité de pouvoir dire au monde entier que, par ses actions, elle évite la disparition d'espèces, patrimoine mondial de l'humanité, tout en apportant un sens social et ludique à son œuvre au même titre que nous savons élever des monuments ou des paysages à ce statut. Créons les conservatoires du patrimoine vivant.
Conserver c'est s'enrichir

 

En effet, c'est parce que la collectivité ouvre ce nouvel espace de connaissances et de mutualisation autour de thèmes précis que le projet de conservation peut s'autofinancer et vivre. Pas besoin d'investir des millions d'euros pour exister mais simplement initialiser un projet et le mettre sur des rails afin que petit à petit il puisse se développer et vivre par lui même. Si le comptable est toujours prompt à faire remarquer ce qu'il doit s'inscrire dans la colonne du passif, il faut que le politique fasse remarquer que la renommée du territoire, son développement  et  l'enrichissement cognitif des populations ne peuvent hélas pas se traduire par des chiffres dans la colonne de l'actif ! Tous les stades sont-ils rentables ? Toutes les salles polyvalentes sont-elles rentables ou le mobile est-il ailleurs ? L'enrichissement vient par l'investissement. Pas d'investissement  mène à l'appauvrissement culturel !

 

Comme il existe des jardins ouvriers pourquoi ne pas instaurer des espaces de conservation où chaque participant serait l'acteur de programmes spécifiques ou tout simplement un lieu où l'urbain peut avoir son élevage de poules ? Sauver ensemble des espèces ou des races de la disparition et de notre mémoire collective n'est-il pas suffisamment ambitieux pour notre avenir commun ? Si vous êtes intéressés par ce concept, je suis en mesure d'accompagner votre projet.